Le développement durable dans la construction de datacenters
Adrian Brewin, cofondateur de Reid Brewin Architectes, a récemment été interviewé par le magazine DataCentre Dynamics, dans le cadre d’un article sur la construction durable. Bien que seuls certains des « meilleurs passages » aient été choisis pour l’article final, voici un petit aperçu de cet échange…
Il est aisé de comprendre que les grands projets de datacenters s’accompagnent automatiquement d’une empreinte carbone colossale. Mais si vous retirez les éléments opérationnels d’un tel site, la taille de l’espace est très similaire à celle d’un entrepôt : c’est une grande boîte vide.
Le choix des matériaux utilisés pendant la construction est déterminant pour identifier ou se rendre compte des dommages qui peuvent être causés. Les matériaux peuvent être « meilleurs ou pires » en fonction de la nature du site, de son emplacement et des circonstances particulières à prendre en compte. On pense par exemple à l’utilisation de la géothermie ou des panneaux photovoltaïques.
Mais ce qui change vraiment, c’est l’impact global sur la durée de vie.
Il est indéniable qu’une quantité importante d’énergie est indispensable pour faire fonctionner les ordinateurs et leurs systèmes de refroidissement, mais aussi pour alimenter les éléments accessoires tels que l’éclairage. Donc, nous devons chercher à réduire l’impact dans d’autres domaines.
Une maison peut avoir besoin d’une alimentation électrique de 12 kW. Pour ce faire, on va puiser de l’énergie dans une sous-station locale – tout comme ses voisins. En revanche, les ressources nécessaires au fonctionnement d’un entrepôt peuvent varier considérablement et être plus proches de 75 kW, avec potentiellement une sous-station moyenne tension, en propre. Un grand datacenter, quant à lui, peut avoir besoin d’une puissance de plus de 40 MW et exiger une sous-station haute tension dédiée, dont la taille permettrait d’alimenter une petite ville.
N’oublions pas non plus que l’empreinte carbone d’un bâtiment est également influencée par l’évolution rapide de la technologie. Les ordinateurs sont remplacés – en moyenne – tous les trois ans, et le bâtiment peut nécessiter une rénovation majeure après 30 ans. Si l’on ajoute à cela l’infrastructure de soutien, comme les systèmes de refroidissement et les générateurs de secours, qui doivent être révisés tous les 10 à 15 ans, on comprend vite que les chiffres s’accumulent.
Cependant, tout n’est pas si noir car les attitudes à l’égard de la durabilité ont considérablement changé en un laps de temps relativement court. Les cyniques diront peut-être que cette évolution est due en grande partie à un exercice de « cochage » politique/crédit, mais le sujet est en train d’être abordé plutôt qu’ignoré, ce qui est essentiel.
Par exemple, nous avons constaté ces dernières années une augmentation de la demande de matériaux recyclés, comme les moquettes fabriquées à partir de bouteilles recyclées. Les clients sont également beaucoup plus sensibles au sourcing des matériaux et choisissent souvent d’opter pour un fournisseur local plutôt que faire traverser de vastes étendues de terre et de mer aux marchandises.
Il y a aussi des gains au niveau de l’équipement du datacenter lui-même, notamment lors du remplacement de l’ancien par le nouveau. Même si je serais surpris que les volumes de recyclage dépassent ceux des voitures personnelles, il doit sans doute exister un marché pour les équipements d’occasion en état de marche.
Au fil des ans, j’ai vu plusieurs solutions autour de la récupération de la chaleur – fournir la chaleur perdue aux entreprises voisines, aux logements locaux ou aux serres – et de la gestion de l’eau en utilisant des fermes locales ou même au niveau des datacenters eux-mêmes.
Les panneaux photovoltaïques sur le toit ou au-dessus des aires de stationnement, les systèmes de ventilation innovants conçus pour refroidir les ordinateurs pendant la majeure partie de l’année – plutôt que d’avoir recours en permanence à la climatisation – et le passage des batteries plomb-gel au lithium-ion sont autant d’excellents points de départ. Et c’est ce type d’innovation que nous devrions adopter dans les années à venir.